LE TROT DU ROBOT

Un jour mon père a acheté deux chevaux de club, à un prix ... inquiétant. Ils étaient
destinés à mes frère et soeur, qui montaient régulièrement.
Moi, j'étais un piéton à l'époque. Un croisé arabe totalement ingérable, et un apaloose
totalement immobile.

Après quelques mois de vie sauvage dans la propriété, on a décidé de les monter
un peu car tout le monde était en vacances.
Évidemment, ce fut un rodeo pour mon frère, et une séance de torture pour moi.
L'apaloose trottait, oui, mais comme un pantin, une machine, un chariot de
supermarché; étant dans mes premières minutes d'équitation, sur des caillous,
j'étais mal à l'aise. 

Je fus alors spectateur quand il s'agit de lui faire subir une heure de cris et de
cravache, sans aucun résultat. De pire en pire, même, le cheval évoluait dans
des bonds et rebonds impossibles, forgeant le sol rocailleux.

Quelques jours passèrent. Et je me disais, quel dommage, j'aurais bien essayé
de m'y mettre, sur celui-là. L'autre me faisait trop peur, je n'avais pas le niveau
requis. Il y a toujours un niveau requis, on l'oublie parfois.
Je décidai alors d'aller en ville acheter un peu de matériel: éperons, cravache...
non je blague biensûr ! Je pris des friandises, et une longe.

L'après-midi, le cheval était approché à grands effets de "je vais te nourrir", puis longé.
Avec un fond de radio classique, posée dans la carrière, je commençai à faire
tourner au pas sens gauche. Nous avons bien chauffé, en plein soleil, puis j'ai
demandé gentiment un trot. Ce fut évidemment une catastrophe.
Je dûs me battre 30 minutes avec un animal sauvage qui -galopait -trottait comme
un ressort -s'arrêtait -menaçait -s'enfuyait.

Mais quand nous eûmes tous très-très chaud, il fit par erreur une foulée de trot
acceptable. Carresser, nourrir, parler doucement, arrêt de la séance.
Le lendemain, même topo, avec une séquence combat de 5 minutes seulement,
et un trot correct 30 secondes, pour le matin.
Le trot était naturel tout le reste de l'après-midi.

Dommage: j'ai dû remonter à Paris ensuite, et le cheval n'a jamais su tourner à droite à la longe !